Changement de cap
Il y a des périodes où la vie se montre clémente et douce. D’autres où elle donne l’impression de s’acharner à nous mener la vie dure. La semaine que nous venons de passer nous a montré le mauvais revers de la médaille.
Nous venons de vivre des journées faites d’hôpitaux, de discussions médicales, de pharmacies et d’ordonnances. Nous venons d’apprendre toute une liste de vocabulaire que l’on aurait préféré ne pas connaître. Suite à un séjour de l’un des mollets sur un lit d’hôpital, on nous apprend qu’il faut abandonner l’idée de poursuivre le périple et rentrer en France. Le vélo étant accusé médicalement de ne pas être adapté à l’état de santé actuel. De bien tristes heures ont suivi cette nouvelle. Arrêter le vélo en pleine course correspond à nous arracher le cœur. Rentrer en France nous semble inenvisageable alors qu’il nous reste encore 4 mois de voyage.
Alors, à force de questions, les médecins nous disent que l‘on peut essayer de continuer notre route, mais que les vélos doivent rester au garage. Pas d’efforts trop intenses, nous dit-on.
On a fait de gros gloups, on a séché de grosses larmes, on s’est mouché le nez à longueur de jours, on a gardé les yeux ouverts à longueur de nuits. Et puis, nous avons essayé d’accepter ce changement de direction imposé. Nous avons péniblement laissé nos vélos à un amigo croisé en chemin, avons troqué nos sacoches contre des sacs à dos de fortune et nos mollets contre des pouces.
Nous avons décidé de poursuivre le voyage, différemment, comme cette chienne de vie l’exigeait. Nous partons désormais à la découverte des fermes écologiques en stop, où nous serons volontaires le temps de quelques semaines. L’expérience se voudra certainement intéressante en rencontres et le changement de cap soudain.
Il était hors de question de poursuivre l’itinéraire prévu en changeant de mode de transport. Nos bicyclettes nous auraient manquées. Hors de questions de penser ou de dire : « tu imagines, si nous avions été à vélo ». Parfois, le changement doit être très radical pour s’efforcer de l’accepter.
Nous continuerons nos bafouilles régulières. Feu les mollets moteurs, bonjour la force mentale motrice.