equateur
Le retour des mollets moteurs
L’avion se pose sur la piste d’Orly. Il est 21h30. Nous arrivons avec quatre heures de retard. Quatre heures, après un an de voyage ce n’est pas grand-chose, sauf peut-être pour notre famille qui connait tous les recoins de l’aéroport à force de faire les cent pas et nous attend avec impatience. Le couloir d’évacuation de l’avion à quelque chose de dramatique. Nous avançons le pas pressé d’arriver et le cœur lourd que le voyage s’arrête. Chaque pas de plus nous entraîne vers le tourbillon de la vie française qui va reprendre son cours d’ici quelques instants.
C’est avec des cris et des pancartes que nous sommes accueillis par notre heureuse famille, le panier garni de fromages d’auvergne et de tartes aux pommes briardes. Un nouvel exotisme s’ouvre à nous. Nous entendons déjà les premiers signes du retour. La langue française nous saute aux oreilles.
Un temps de réadaptation est nécessaire. Progressivement, nous mettons un pied dans un magasin, puis décrochons le téléphone, croisons des têtes connues, passons un très bon moment avec les copains.
Nous sommes surpris par des détails du quotidien qui il y a un an nous semblaient anodins. Garde-robes rempli de vêtements superflus, rayons de magasins garnis de victuailles du monde entier et à tarif peu élevé par rapport à notre niveau de vie, repas comprenant entrée, plat, fromage, dessert où les légumes ont la part belle, brosse à dent et shampooing qui peuvent rester dans un coin de la salle de bain, linge lavé en appuyant simplement sur le bouton de la machine à laver.
Nous retrouvons des odeurs oubliées, découvrons les paysages familiers comme s’ils étaient nouveaux et notre œil perçoit des choses qui pendant 29 ans sont passées inaperçues. C’est alors que l’on comprend que notre long périple en dehors de France nous permet de poser un nouveau regard sur le monde du quotidien et révèle intensément tant de choses enfouies. Nous n’en pouvions plus de la France en la quittant il y a un an. Cette année passée loin de ces exécrations nous donne un œil nouveau sur les choses, un regard positif, ce même regard que nous avions, lorsqu’en vélo ou à pied nous parcourions l’Amérique du Sud.
Un œil de surprise, un esprit enclin à la découverte permanente et à l’étonnement joyeux.
Le véritable voyage ne consiste pas à voir de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux. Marcel Proust
L’heure du bilan
Avant de s’immerger dans l’ambiance péruvienne, quelques mots et chiffres clefs de notre expérience équatorienne à vélo :
45 jours de voyage et de découvertes
18 jours de pédalage, avec en moyenne 5 heures de pédalage et 50 km parcouru par jour
Des milliers de buenos dias, buenas tardes
Des centaines de sourires
Des conditions climatiques très variables : soleil, pluie, soleil + pluie, pluie + vent, boue + vent + soleil, vent de face + vent de face.
Le top : 500 mètres avec le vent dans le dos dans une montée
L’étape la plus dure : La montée au pied du Cotopaxi
La plus belle descente : 20 km de dénivelé négatif entre Cuenca et Ona au cœur des Andes
Notre coup de cœur : On vous l’a présenté dans l’article « on a roulé au Paradis ».
125 km en bus.
Ce que nous avons aimé de l’Equateur :
- les soupes monstrueuses et non mixées avec tout plein de bonnes choses (muy rico !)
- les jus de fruits frais 100% avec goût et saveurs sans cesse renouvelés
- l’accueil et la curiosité des habitants
- la diversité des paysages
- les petites camionnettes et la conduite très prudente envers les cyclistes
- les uniformes d’écoliers
- les marchés, toujours plus beaux les uns que les autres
- les petites maisons simples et fonctionnelles
- la rencontre avec les communautés indigènes
- le président Correa, qui met en place une politique pour l’éducation, la santé, la voirie tout cela en indépendance par rapport à l’impérialisme des (soi-disants) Grands Pays de ce monde.
Ce que nous n’avons pas aimé de l’Equateur :
-le mauvais accueil des chiens tout au long de la route
-la notion de la distance et du degré des côtes (par « c’est plat », entendre : « ça grimpe »)
-les larves dans la pâte à crêpes
-quitter l’Equateur après 45 jours de découvertes et de partage