Ce n’est pas si simple en bus
D’ordinaire, vous commencez peut-être a le comprendre, en Amérique du Sud, nous sommes dans une politique générale du « no te preocupe ». En agissant comme de bons locaux, mochilas au dos, nous quittons la ferme un vendredi après-midi pour rejoindre le terminal où nous prendrons un bus direction le Chili. Nous nous dirigeons confiants vers la billetterie afin d’acheter nos billets et le vendeur nous annonce tout désolé qu’il n’y a plus de place dans le bus du soir. Devinez pourquoi ? On le dit, on le répète, le foot, ça n’a pas de frontière, la preuve par l’exemple. Une équipe argentine a réservé les places en vue de jouer le lendemain à Santiago, et une équipe ça rempli très vite un bus.
Mais, ne l’oublions pas, nous sommes en Amérique du Sud, il y a toujours une solution. Alors nous prenons un bus pour Mendoza, 200km au sud et dénichons sur place une autre compagnie qui assure le transfert vers le Chili dans la nuit. Ce qui est merveilleux, c’est que l’on n’a même pas le sentiment d’un plan galère, tout se déroule ici très bien, si peu que l’on soit patient.
Nous passons donc la frontière chilienne (pour la 3ème fois de notre voyage) aux environ de 3h du matin. C’est la première fois que nous entrons dans le vrai Chili, que nous allons côtoyer ses habitants. Pour rappel, notre première traversée chilienne était en plein désert à vélo avec pour seules compagnes des vigognes et la seconde un paradis touristique dans le désert d’Atacama en compagnie de notre amie Sophie. Les frontières chiliennes ne sont jamais des parties de plaisir. Interdiction de passer fruits, légumes et toute denrée non manufacturée. A la façon de fouiller nos sacs, les douaniers se prennent pour des sauveurs de la planète et nous font passer pour les pires des assassins. Gare au raisin sec oublié ou à la tisane de cedron au fond du sac, tu es convoqué pour un entretien des plus corsé dans le bureau du chef pour une demi-heure de sermons argumentés sur l’hygiène et les lois à respecter dans ce pays, teintés d’une touche de racisme pour les pays sud américains environnants. C’est malheureusement ce qui nous est arrivé pour avoir osé demander s’il était possible de faire passer un sachet d’origan, voyous que nous sommes. Après que Mathilde ait feint quelques larmes (quelques années de théâtre nous ont sauvé la mise) devant l’imposant fonctionnaire qui visiblement voulait montrer qu’il en avait plus dans le pantalon que dans la cervelle, nous avons enfin pu arriver à Santiago.