48 heures avec le temps
Lorsque les éléments se déchaînent, nous avons plusieurs pensées. Premièrement, on est content d’avoir un toit sur la tête. Deuxièmement, on se satisfait de ne pas être à vélo. Enfin, on se sent infiniment petits.
Pendant plusieurs jours, nous avons vécu avec une nature que nous ne connaissions pas jusque-là. Un vent qui souffle avec des rafales qui méritent un contrôle radar, si chaud que l’on a l’impression d’ouvrir en permanence la porte d’un four de potier. Un vent qui rend fou, tellement fou qu’on commence à comprendre le film Volver d’Almodovar. Des rafales qui donnent envie de se réfugier sous une couette et de n’en sortir qu’une fois le calme revenu. Des journées qui ne manquent pas d’air en nous laissant seulement constater les dégâts créés. Les vents sont contraires, ils s’affrontent. Le Zonda, vent venu de la cordillère des Andes qui se réchauffe lors de l’effleurement du sol, agressif et cuisant, s’abaisse lorsque se lève le vent du sud, bien plus fort, bien plus froid. Alors que le vent Zonda nous cuisine par 43°C, le vent du sud nous oblige à ajouter des couvertures. La bataille est discrète. Le vent Zonda se calme, nous profitons de 5 minutes (montre en main) de silence, de calme, d’immobilité et le vent du sud se lève, ne nous laissant profiter que d’une très courte accalmie. Avec de telles variations de température, la neige s’est imposée à 1500m d’altitude, étonnant contraste avec la chaleur que nous accusons quelques centaines de mètres plus bas.
Puis, c’est au tour de la terre d’ajouter son grain de sel. En zone de cordillère, il fallait bien que ça nous arrive un jour : la terre a tremblé. Un tremblement délicat et violent à la fois. Des secousses qui ont fait bouger les lits, les ventilateurs et les meubles, donnant l’impression que l’on se trouvait au départ d’un manège aux prometteuses sensations. Calmement, depuis notre chambre, nous avons attendu que passent ces quelques secondes, entre étonnement et amusement. A deux reprises nous avons ressenti ces secousses, âmes non endormies de cette chaîne de montagnes. Nous apprenons quelques heures plus tard que le tremblement était de magnitude 5 sur l’échelle de Richter.
Apparemment, la région a toujours vécue sous la puissance de la nature, mais depuis quelques années, les choses semblent se détraquer. Ici plus qu’en Europe, les populations en sont victimes.
Cette planète nous en fait décidément voir de toutes les couleurs et nous la découvrons chaque jour tels de nouveaux habitants.