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les mollets moteurs

A couper le souffle !

16 Mai 2013 , Rédigé par Mathilde et Brice Publié dans #Perou

Parfois, il nous arrive d’avoir les yeux un peu volages et l’esprit peu concentré sur les cartes. Au départ de Huaraz, nous partions, fleur au fusil, poursuivre notre chemin. Nous n’avions pas pris conscience que nous allions traverser le Parque National Huascaran (celui qui protège la Cordillère Blanche), nous n’avions pas identifié que nous partions pour être seuls au milieu des montagnes. Nous n’avions pas fait le plein de notre réchaud d’essence pour cuisiner. Nous n’avions de frais que deux bananes et un sachet de pain. Puis, après une soixantaine de kilomètres sur route asphaltée, un homme nous indique qu’il nous faut bifurquer dans un petit chemin. Nous lui demandons, sûrs de notre coup, à combien de temps se trouve le prochain village : « Cinco horas en caro», nous répond-il ! « Attends, 5 heures en voiture, vu le dénivelé et la mauvaise qualité de piste, ça veut dire 5 jours en vélo au moins. Non, cet homme doit grossir les chiffres, sur notre carte, des pueblos sont indiqués tous les 30km. Têtus que nous sommes, nous nous engageons dans le chemin de terre. Cinq kilomètres plus tard, nous planterons la tente, dans un décor magnifique de montagnes vallonnées, surplombant la rivière.

En reprenant la route le lendemain, nous sommes pris d’un doute : on s’enfonce à grands coups de pédales dans des montagnes. Et si l’homme d’hier avait raison ? Et si l’on était en train de s’aventurer dans une zone vide de toute habitation ? Nous nous fixons pour objectif de rejoindre Carpa, indiqué comme un village sur la carte. Carpa est en fait un poste de contrôle, chargé de faire payer l’entrée au parc. Ici, nous rencontrons Andy, le garde du parc, passionné de vélo, qui nous offre un thé bien chaud et une soupe brûlante. Nous partageons donc le déjeuner avec lui. Il nous confirme les dires de l’homme d’hier : oui, les cartes indiquent des villages qui n’existent pas. Non, nous ne trouverons rien pendant 100 km.

Il remplit donc notre bidon d’essence afin que l’on puisse cuisiner, nous offre un énorme fromage frais fait par le berger qui habite juste au dessus. Nous met en garde contre les voleurs d’animaux qui rôdent parfois la nuit.

Nous tutoyons les glaciers et la cordillère blanche, on tend le visage vers la gauche et on peut l’embrasser. Nous troquons nos tee-shirts contre des polaires, des gants, un bonnet. Nous traversons une chaîne de montagnes où cohabitent les vaches et les alpagas. Seules quelques cahutes de cailloux et en toit de paille sont des signes de présence humaine. Les nuits sont très fraiches (environ 0°) et l’on supporte nos sacs de couchages.

Au troisième jour de pédalage, nous voulons passer le col à 4900 mètres d’altitude, point culminant de l’étape. Une fois cette altitude passée, nous devrions peu à peu redescendre. La journée est très difficile, plus l’on monte en altitude, moins le chemin est praticable, plus le vent est violent et l’air froid. L’oxygène manque, nous devons pourtant trouver l’énergie nécessaire à nos jambes. Nous respirons fortement sans avoir l’impression de faire entrer de l’air de nos poumons. Nos têtes se serrent et c’est bientôt un mal de crâne plombant. On enlève nos casques pour que notre boîte crânienne ne se sente pas trop étriquée. Nous sommes épuisés mais nous ne voulons pas dormir ici. Il nous faut passer ce fichu col, redescendre et poser la tente un peu plus bas, à une altitude plus propice à la vie humaine.

Chaque mètre est une difficulté, chaque mètre est une récompense. Nous sommes au sommet de la cordillère blanche, une vue magique sur tous les sommets. Tout à coup, Brice hurle : « il y a une route, une route asphaltée, regardes, là-bas ! ». Après 3 jours sans croiser autre âme vivante que nous même et quelques alpagas, une route serpente quelques kilomètres plus bas. On reprend des forces pour la rejoindre avant la tombée de la nuit. A 17h30, nous arrivons dans un petit village. Il y a un hôtel. Il y a une douche chaude. Il y a un lit. Cette nuit, nous rêvons au chaud.

A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
A couper le souffle !
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C
Une beau épisode raconté avec des mots choisis. Je me suis plongée dans votre ascension, le temps de quelques minutes, et je vous félicite pour tous ces kilomètres franchis, et surtout les altitudes gravies à la sueur des mollets et à la force du moral. Une magnifique marque de motivation. Immanquablement, vous allez réussir à bouger des montagnes ;p
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G
VOUS ETES MES HEROS!!!!!!!!!!!!<br /> Et je suis passionément vos aventures.<br /> J'espère quand même que vous avez un peu de bonne musique à écouter ;-)<br /> C'est sublime.<br /> Besos
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N
Alors là bravo, &quot;épisode&quot; très réussi !<br /> Il y avait de l'aventure humaine et du suspens dans un décor parfait, la défense de belles valeurs humaine, de beaux seconds rôles humains et animaliers et la photo des héros ... <br /> et bien sur le happy end ! la douche :-)<br /> Bravo, bravo, bravo !<br /> sous les bis et les vivas de la foule ... encore, encore !<br /> Biz<br /> Nicole
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